Yalta et la police de la pensée

par | 8 Août 2023 | Tribunes libres

Quand le mot « Yalta » alerte la police de la pensée

 

Profitant de l’accalmie de l’été, j’étais en train de lire, sur mon balcon, des livres qu’étaient accumulés dans ma liseuse Kobo.

Mon portable a sonné, c’était la secrétaire des éditions Sigest.

– Bonjour Jean, ça y est ça recommence avec Yalta !

J’ai mis quelques secondes avant de réaliser qu’il s’agissait du livre de Caroline Galactéros, « Vers un nouveau Yalta ».

 

La mention du mot « Yalta » a suscité des inquiétudes chez PayPal, et beaucoup se demandent pourquoi. Levez le voile sur le mystère qui entoure « Yalta » et ses implications. Découvrez l’inconnu, car il y a plus qu’il n’y paraît. Entrez dans le royaume de « Yalta » et percez les secrets qui ont attiré l’attention de PayPal. Plongez dans un scénario captivant et découvrez les vérités cachées qui se cachent sous la surface. Avec « Yalta » au centre de tout cela, préparez-vous à être surpris par ce qui se passera.

 

En effet, ce livre publié en 2019, avait dès sa sortie rencontré un premier obstacle pour être référencé par Amazon. Alors que plus de 150 ouvrages publiés depuis 2004 ont été référencés et vendus sur le site d’Amazon France, l’annonce du livre de Madame Galactéros avait reçu un refus pour référencement. M. Sirapian, le directeur des éditions Sigest, avait demandé des explications, mais la hotline d’Amazon était incapable de donner la raison de ce refus, se réfugiant derrière l’argument : « nous à notre niveau, en tant que commercial, nous ne sommes pas capables de vous répondre. L’ordre vient du plus haut, de l’administration ».

Qu’à cela tient, M. Sirapian demandait à parler à celui de « plus haut ». Après quelques atermoiements finalement il avait eu le responsable en ligne.

« C’est le mot Yalta dans le titre qui pose un problème », expliqua le responsable administratif, un peu gêné. Là, cela devenait plus claire. Yalta se trouve en Crimée, Ukraine. Or la Crimée a été annexée par la Russie après le début de la guerre en 2014. Argument ridicule pour faire de « Yalta » un mot clé de filtrage comme si c’était un mot de type « bombe », « attentat », « terrorisme ».

Après les explications de M. Sirapian, le livre fut référencé par Amazon et s’est vendu correctement. Notons qu’avec Fnac, les éditions Sigest n’ont pas eu ce genre d’interrogation.

L’incident était clos, pourrait-on penser. Or depuis février 2022, le début de l’opération spéciale lancée par la Russie, ce livre dont la vente était ralentie au bout de trois ans, a trouvé une deuxième jeunesse et des réimpressions ont eu lieu en 2023, sans problème jusqu’à ce jour où Sigest a reçu une demande de renseignement de la part, cette fois, de Paypal. Incroyable !

En effet Sigest utilisait ce moyen de paiement pour régler les factures de l’imprimeur européen. Or Paypal avait bloqué le dernier paiement, avec la désignation « Yalta », en attendant des explications.

Après plusieurs échanges d’email, enfin Sigest a eu une réponse de la part de Paypal :
« Le 26 avril 2023, vous avez envoyé un paiement à (XXX) d’un montant de XXX,xx € pour « Yalta ». Informations à fournir :
• Une explication de la référence à « Yalta ».
!!!

On se croirait dans « 1984 » d’Orwell. On connaissait l’existence de la police de la pensée dans l’UE en général, et en France en particulier. Mais on n’aurait pas imaginé qu’elle soit présente dans une entreprise commerciale internationale.

En tout cas merci à Paypal dont l’intérêt pour ce livre, même déplacé, comme Amazon à la sortie de l’ouvrage, fera une publicité inespérée, boostant les ventes.