Mettez fin à cette folie maintenant !
Par Jake Johnson
Les soignants américains de retour de Gaza disent à Harris et Biden : « Mettez fin à cette folie maintenant« .
« Chaque jour où nous continuons à fournir des armes et des munitions à Israël est un jour de plus où des femmes sont déchiquetées par nos bombes et des enfants assassinés par nos balles.
Alors que le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris rencontraient le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche jeudi, des dizaines de professionnels de la santé américains qui se sont récemment portés volontaires dans la bande de Gaza ont exhorté les dirigeants américains à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à l’assaut d’Israël contre l’enclave, en citant les horreurs dont ils ont été les témoins directs.
Dans une lettre ouverte adressée à M. Biden, à M. Harris et à la première dame Jill Biden, 45 médecins, chirurgiens et infirmières ont écrit : « Nous aimerions que vous puissiez voir les cauchemars qui tourmentent tant d’entre nous depuis notre retour : des rêves d’enfants mutilés par nos armes, et leurs mères inconsolables qui nous supplient de les sauver ».
« Nous aimerions que vous puissiez entendre les cris et les pleurs que notre conscience ne nous laissera pas oublier », peut-on lire dans la lettre. « Nous ne pouvons pas croire que quelqu’un puisse continuer à armer le pays qui tue délibérément ces enfants après avoir vu ce que nous avons vu ».
Les professionnels de la santé ont demandé à l’administration Biden de « ne pas apporter de soutien militaire, économique et diplomatique à l’État d’Israël et de participer à un embargo international sur les armes à destination d’Israël et de tous les groupes armés palestiniens jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu permanent soit instauré et que des négociations de bonne foi entre Israël et les Palestiniens aboutissent à une résolution permanente du conflit ».
« Nous ne sommes pas des politiciens. Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses », poursuivent-ils. « Nous sommes simplement des médecins et des infirmières qui ne peuvent rester silencieux face à ce que nous avons vu à Gaza. Chaque jour où nous continuons à fournir des armes et des munitions à Israël est un jour de plus où des femmes sont déchiquetées par nos bombes et des enfants assassinés par nos balles. Président Biden et vice-président Harris, nous vous exhortons : Mettez fin à cette folie maintenant ! »
La lettre a été rendue publique alors que M. Netanyahou, tout juste sorti de son discours largement condamné devant le Congrès américain, a rencontré séparément, jeudi, M. Biden et Mme Harris, candidate présumée du parti démocrate à l’élection présidentielle.
À l’issue de sa rencontre avec M. Netanyahu, Mme Harris a déclaré que « ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur », évoquant « les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri, parfois déplacées pour la deuxième, la troisième ou la quatrième fois ».
« Nous ne pouvons pas détourner le regard face à ces tragédies », a ajouté le vice-président. « Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance. Et je ne me tairai pas.
Mme Harris a déclaré avoir dit directement à M. Netanyahu de « conclure cet accord » – en référence à un accord de cessez-le-feu avec le Hamas – mais, comme prévu, elle n’a pas rompu avec l’administration en ce qui concerne la fourniture d’armes à l’armée israélienne.
Bien qu’il n’y ait pas eu de changement de politique évident de la part de l’administration maintenant que Mme Harris a pris la place de M. Biden à la tête du ticket présidentiel du Parti démocrate, Trita Parsi, du Quincy Institute for Responsible Statecraft, a fait valoir que la vice-présidente « a clairement rompu avec M. Biden sur Israël en termes de rhétorique et de ton ».
M. Parsi a également affirmé qu’il y avait eu « un changement de fond ».
« M. Biden a prétendu de manière fallacieuse que le Hamas avait bloqué l’accord de cessez-le-feu », a écrit M. Parsi sur les médias sociaux. En disant qu’elle a exhorté Netanyahou à « conclure l’accord », Kamala a mis le doigt sur le véritable obstacle.
Dans leur lettre à Mme Harris et à M. Biden, les professionnels de la santé écrivent qu’Israël « a directement ciblé et délibérément dévasté l’ensemble du système de santé de Gaza » et « a pris pour cible nos collègues à Gaza pour les tuer, les faire disparaître et les torturer ». Selon les chiffres du Bureau des droits de l’homme des Nations unies, les forces israéliennes ont tué un travailleur de la santé sur 40 dans le territoire palestinien depuis octobre, alors que les maladies se propagent et que le nombre de Gazaouis tués ou blessés continue d’augmenter d’heure en heure.
Les professionnels de la santé ont estimé que, sur la base des preuves disponibles et de leur expérience, « le nombre de victimes de ce conflit est bien plus élevé que celui indiqué par le ministère de la santé de Gaza », qui s’élève actuellement à plus de 39 100.
« Nous pensons également qu’il s’agit d’une preuve probante de violations généralisées des lois américaines régissant l’utilisation d’armes américaines à l’étranger, ainsi que du droit international humanitaire », poursuivent-ils. « Nous ne pouvons pas oublier les scènes de cruauté insoutenable à l’égard des femmes et des enfants dont nous avons été les témoins.
Jake Johnson