Les actions incompétentes de l’Arménie à l’ONU

par | 30 Août 2023 | Tribunes libres

Les actions incompétentes de l’Arménie à l’ONU ont fait plus de mal que de bien

 

Le Conseil de sécurité des Nations unies est composé de 15 États membres : Cinq sont des membres permanents avec droit de veto (la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis), et les 10 autres ont un mandat de deux ans, sur la base d’une rotation.

 

Les pouvoirs du Conseil de sécurité comprennent la mise en place d’opérations de maintien de la paix, l’adoption de sanctions internationales et l’autorisation d’actions militaires. C’est le seul organe de l’ONU qui a le pouvoir d’émettre des résolutions contraignantes pour les États membres.

Avec des responsabilités aussi étendues, le Conseil de sécurité est l’organe des Nations unies le mieux placé pour traiter du blocus imposé par l’Azerbaïdjan à 120 000 Arméniens de l’Artsakh, qui risque de les laisser mourir de faim, ce qui constitue un génocide, selon la définition que donnent les Nations unies de ce terme.

Malheureusement, le gouvernement arménien, en raison de la mauvaise gestion de son approche du Conseil de sécurité, a mal géré cette occasion unique d’amener l’organe des Nations unies à adopter une résolution exhortant l’Azerbaïdjan à débloquer immédiatement le corridor de Latchine. Dans le cas contraire, il imposerait des sanctions sévères.

L’Arménie aurait dû préparer le texte d’un projet de résolution, rencontrer les 15 membres et tenter de les convaincre d’accepter la résolution proposée. Comme le blocus dure depuis huit mois, le gouvernement arménien avait largement le temps de faire ce travail.

Sans aucune préparation, présenter une pétition au Conseil de sécurité en espérant un résultat positif est irréaliste et va à l’encontre du but recherché. Les ambassadeurs des 15 pays membres reçoivent toujours des instructions préalables de leur ministère des affaires étrangères sur ce qu’ils doivent dire lors des réunions de l’ONU et, si le texte d’une proposition de résolution a été préparé à l’avance, on leur dit comment voter. Rien n’est décidé sur place au cours de la réunion et aucune mesure ne peut être prise si elle n’a pas été convenue à l’avance.

Le gouvernement arménien aurait dû connaître ces faits fondamentaux et prendre les mesures nécessaires avant de demander une réunion du Conseil de sécurité afin de garantir une issue positive. En l’absence d’un tel travail préparatoire, il n’est pas surprenant que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté de résolution pour avertir l’Azerbaïdjan que s’il ne débloque pas immédiatement le corridor de Latchine, des sanctions sévères seront imposées.

Au cours de la réunion, les 15 États membres ont prononcé des discours, dont la plupart exhortaient l’Azerbaïdjan à débloquer le corridor de Latchine et à résoudre la question par des négociations pacifiques. L’ambassadeur de France a prononcé le discours le plus favorable à l’Arménie, tandis que les remarques de l’ambassadeur de Russie ont été décevantes. À la fin de la réunion, tout le monde s’est levé et est rentré chez soi sans avoir adopté de résolution ni résolu le problème du blocus. L’Azerbaïdjan et la Turquie, qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité, ont répété leur myriade de mensonges sur le corridor de Latchine, niant les faits évidents connus du monde entier. Pour contrer les remarques de la Turquie, pourquoi l’Arménie n’a-t-elle pas fait en sorte que Chypre ou la Grèce assistent à la réunion pour soutenir sa position ?

Malheureusement, les États membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont préféré poursuivre leurs propres intérêts nationaux étroits plutôt que d’essayer de sauver la vie de 120 000 Arméniens de l’Artsakh affamés, abdiquant ainsi leur responsabilité humanitaire et portant atteinte à l’intégrité de l’Organisation des Nations unies. Il est honteux que le Conseil de sécurité n’ait même pas pris la peine de soutenir les deux décisions de la Cour internationale de justice sur le déblocage du corridor de Latchine.

Le ministre arménien des affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, qui s’est rendu à New York à cette occasion, a prononcé un discours approprié, exhortant le Conseil de sécurité à « agir en tant qu’organe de prévention du génocide et non en tant qu’organe de commémoration du génocide, lorsqu’il sera peut-être trop tard ». Mirzoyan a demandé à l’ONU d’envoyer une mission interinstitutions d’évaluation des besoins en Artsakh, ce qui a été ignoré. Néanmoins, il n’a pas demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d’ordonner à l’Azerbaïdjan d’ouvrir le corridor de Latchine et d’imposer des sanctions si l’Azerbaïdjan ne s’exécute pas. Par ailleurs, le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères, Jeyhun Bayramov, n’a pas pris la peine de prendre l’avion de Bakou à New York, sachant pertinemment qu’il ne se passerait rien lors de la réunion des Nations unies.

L’ambassadeur d’Azerbaïdjan a déclaré à tort que l’Artsakh faisant partie du territoire de son pays, celui-ci pouvait agir à sa guise et que personne n’avait le droit d’interférer. Le monde entier sait qu’il a tout faux. Les violations des droits de l’homme sont d’intérêt universel. Elles préoccupent sérieusement le monde entier et ne sont pas une question interne à un seul pays.

S’il est vrai que plusieurs ambassadeurs ont exhorté l’Azerbaïdjan à débloquer le corridor de Latchine, ces demandes sont malheureusement restées lettre morte. L’Azerbaïdjan a ignoré toutes ces demandes, comme il a rejeté les appels similaires de plusieurs chefs d’État, ministres des affaires étrangères, de l’Union européenne, du Conseil européen, de la Cour européenne des droits de l’homme, de la Cour mondiale et du Secrétaire général des Nations unies. Les mots sans action n’ont pas de sens.

Pour sauver la face, le Premier ministre Pachinian a déclaré aux Arméniens, après la réunion de l’ONU, que le monde entier savait désormais que l’Azerbaïdjan, contrairement à ce qu’il avait nié, bloquait le corridor de Latchine. Cette déclaration n’a aucun sens, car tout le monde savait déjà que le corridor était bloqué. Ce n’était pas l’objectif de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. L’objectif était d’adopter une résolution et d’imposer des sanctions à l’Azerbaïdjan. L’Arménie n’a pas réussi à atteindre cet objectif important.

La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies a été bien plus qu’une occasion manquée pour l’Arménie et l’Artsakh. Le fait d’avoir suscité puis brisé l’espoir des Arméniens que le Conseil de sécurité lèverait le blocus a encore plus démoralisé les Arméniens du monde entier. Il aurait été bien plus préférable pour l’Arménie de ne rien faire plutôt que de faire une tentative à moitié aboutie qui aurait causé plus de dégâts.

Depuis l’échec de la réunion de la semaine dernière, les responsables azerbaïdjanais se sont vantés que personne à l’ONU n’avait cru aux « accusations sans fondement » de l’Arménie, ce qui a eu pour conséquence qu’aucune décision n’a été prise. Malheureusement, l’Azerbaïdjan est aujourd’hui plus enhardi que jamais à prendre de nouvelles mesures agressives contre l’Artsakh et l’Arménie, sachant parfaitement que personne dans le monde ne prendra de mesures contre l’Azerbaïdjan.

Source : The California Courier
www.TheCaliforniaCourier.com