L’Azerbaïdjan nie la participation de la Turquie à la guerre de 2020 contre l’Artsakh
Pourquoi l’Azerbaïdjan a-t-il nié la participation directe de la Turquie
à la guerre de 2020 contre l’Artsakh ?
Par Tatev Hayrabetyan
Récemment, le dirigeant turc Erdogan a déclaré que la Turquie pourrait entrer en Israël comme elle l’a fait en « Libye et au Karabakh ».
En réponse, l’Azerbaïdjan a publié le message suivant : « La participation des militaires étrangers aux batailles pour l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan est infondée ».
L’Azerbaïdjan a évité de répondre officiellement, mais a répondu à la déclaration par l’intermédiaire d’une source anonyme au ministère de la Défense.
Notamment, le ministère azerbaïdjanais de la Défense est effectivement dirigé par le général turc Bakhtiyar Ersay. Des rapports à son sujet ont fait surface en 2020 lorsqu’il, avec plusieurs autres généraux turcs, a pris le commandement de l’armée azerbaïdjanaise.
Au cours de la guerre de 44 jours, le chef d’état-major général des forces armées azerbaïdjanaises et le premier vice-ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan, Najmeddin Sadikov, a soudainement « disparu ». Sadikov était l’un des rares membres restants de la « vieille garde », nommée par Heydar Aliyev, le père de l’actuel président, avant 2003. Il aurait été accusé de trahison et de coopération avec le renseignement militaire russe, s’opposant à la « domination turque dans la direction des forces armées d’Azerbaïdjan ». Ce n’est qu’en janvier 2021 que son licenciement a été officiellement confirmé. En juillet 2021, le lieutenant-général Karim Valiyev a été nommé chef d’état-major général des forces armées azerbaïdjanaises.
L’absence d’un chef clair dans l’armée azerbaïdjanaise pendant la guerre d’Artsakh 2020 indique que d’autres, en particulier des officiers turcs, étaient aux commandes. Alors que le plus haut poste militaire de l’Azerbaïdjan était vacant, le journal russe Vzglyad a identifié deux généraux turcs, le lieutenant-général Sheref Ongay, le commandant de la 3e armée, et le major-général Bakhtiyar Ersay du commandement des forces spéciales, comme chefs de facto. Le président Aliyev a ouvertement reconnu l’implication de la Turquie dans ses discours, exprimant sa profonde gratitude pour leur aide significative.
Après la guerre, Ersay est resté en Azerbaïdjan, dirigeant un groupe de commandement spécial et servant effectivement en tant que chef de l’armée azerbaïdjanaise. En août 2022, Erdogan a promu Ersay au poste de lieutenant-général. La même année, Ersay a commencé à apparaître fréquemment dans les médias azerbaïdjanais. Dans un épisode de l’émission AzTV en 2022, Ersay a discuté de la guerre de 44 jours, des exercices militaires conjoints et a souligné le principe « une nation, deux États ». En Azerbaïdjan, on l’appelle Bakhtiyar Pacha.
En décembre 2022, Ersay a été nommé conseiller auprès du ministre azerbaïdjanais de la Défense. Des sources azerbaïdjanaises l’ont signalé, citant des informations officielles de la réunion finale du conseil d’administration du ministère de la Défense en 2022. Lors de la réunion, Ersay a parlé des réalisations résultant des réformes et des efforts visant à aligner plus étroitement l’armée azerbaïdjanaise sur l’armée turque.
Le fait que Bakhtiyar Ersay soit conseiller du ministre azerbaïdjanais de la Défense n’avait pas été divulgué auparavant. Ersay, le commandant du groupe des forces spéciales des forces armées turques en Azerbaïdjan, est le chef de facto de l’armée azerbaïdjanaise.
Malgré tout cela, l’Azerbaïdjan ose nier la présence et la participation directes de la Turquie à l’agression contre l’Artsakh, même si des pilotes turcs ont été récompensés en août 2021. Que signifie ce déni ? Y a-t-il des contradictions cachées dans les relations turco-azerbaïdjanaises qui ne sont pas encore apparentes ? Peut-être que ceux-ci deviendront évidents à l’avenir.