Deux articles récemment publiés par des institutions occidentales de premier plan ont fait l’objet d’une discussion active au sein des cercles politiques et publics arméniens cette semaine. Le premier, publié par la Rand Corporation, s’intitule « Les États-Unis ne peuvent pas garantir la sécurité de l’Arménie, malgré les menaces de l’Azerbaïdjan, mais ils peuvent l’aider », et le second, publié par Politico, s’intitule « Le rêve arménien de l’UE se heurte à un obstacle de taille : l’armée russe ».
La Rand Corporation est l’un des principaux groupes de réflexion américains. Elle élabore des recommandations et des analyses politiques pour des institutions telles que la Maison Blanche, le Département d’État, le Pentagone, le Congrès américain, etc. L’article publié par la RAND Corporation contient deux points principaux : « Les États-Unis devraient fournir à l’Arménie les moyens de se défendre tout en fixant des attentes claires quant aux limites de leurs engagements » et « Les intérêts nationaux de l’Arménie seront mieux servis en protégeant sa sécurité. Les intérêts nationaux de l’Arménie seront mieux servis par la protection de sa sécurité et de ses relations avec la Russie, sans aliéner inutilement Moscou, ni y renoncer complètement. En tant que centre de recherche de premier plan, la RAND Corporation offre sans aucun doute de telles recommandations aux décideurs politiques de Washington.
A son tour, Politico suggère que même si l’Arménie décide de passer à l’Ouest, il sera très difficile de finaliser cette voie : « Le précédent gouvernement arménien a quitté le pays en 2013 pour rejoindre l’Union douanière eurasienne dirigée par la Russie ; une partie de ce calcul était de savoir comment une alliance étroite avec la Russie pourrait empêcher un désastre dans le Haut-Karabakh, une enclave arménienne entièrement située à l’intérieur des frontières de l’Azerbaïdjan. » Le rapport conclut : « L’intégration complète dans le bloc alors que les troupes de Moscou sont présentes soulève une série de problèmes pratiques, sécuritaires et juridiques, même si les aspirants membres sont capables de mener à bien des réformes en matière d’État de droit et de lutte contre la corruption.
Ces derniers mois, les discussions se sont intensifiées en Arménie sur le fait qu’Erevan se tourne vers l’UE, mais en même temps, l’Arménie n’a pas pris de mesures claires pour quitter l’Union économique eurasienne (EAEU) ou l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Si un État membre a l’intention de mettre fin à son adhésion, il doit officiellement soumettre un mémorandum à l’OTSC six mois à l’avance. En ce qui concerne l’EAEU, le délai est d’un an, selon le traité.
Le 11 mars, j’ai partagé sur ma page Facebook des informations privilégiées sur la visite du secrétaire général de l’OTAN en Arménie, qui n’a pourtant été annoncée officiellement que le 16 mars. Notamment, avant la visite de l’envoyé principal de l’OTAN, les centres de recherche et les médias occidentaux, tels que ceux mentionnés ci-dessus, ont tenté de clarifier la situation et de ne pas susciter de grandes attentes en Arménie. Ils présentent en fait leurs réserves quant à l’adhésion éventuelle de l’Arménie à l’UE et à l’OTAN, expliquant qu’elles peuvent aider mais ne peuvent pas fournir les garanties de sécurité de l’Arménie contre une éventuelle agression turco-azerbaïdjanaise.
Bien sûr, la visite du secrétaire général est régionale, mais il est évident que l’OTAN n’a pas d’agenda particulier avec Bakou, car l’Azerbaïdjan n’a jamais parlé d’intentions d’adhérer à l’OTAN à quelque niveau que ce soit, contrairement à la Géorgie, par exemple, qui essaie de devenir un État membre de l’OTAN et de l’UE depuis des dizaines d’années. De plus, on a l’impression que la visite à Bakou a été faite uniquement pour assurer l’équilibre avec l’Arménie. En ce qui concerne l’Arménie, la situation est différente. Ces derniers mois, des discussions actives ont eu lieu sur la possibilité pour l’Arménie de quitter l’OTSC, et Erevan se tourne vers l’UE pour stimuler son économie et obtenir un parapluie de sécurité.
Selon les informations officielles fournies, il semble que la question de l’adhésion éventuelle de l’Arménie à l’OTAN n’ait pas été abordée au cours de la réunion, mais que certains mécanismes de coopération unique entre l’Arménie et l’OTAN aient été discutés. Il n’est pas exclu que l’Arménie ait discuté de son statut d’allié majeur non membre de l’OTAN.