L’alternative Aghdam-Stepanakert ?
L’alternative Aghdam-Stepanakert ?
Par Rouben Galichian
Lors de la présentation au Conseil de sécurité des Nations unies, les représentants de l’Arménie savaient parfaitement que l’Azerbaïdjan allait présenter la route Aghdam-Stepanakert comme une alternative au corridor de Latchine ou de Kornidzor, mais ils n’ont pas fourni d’explication détaillée pour devancer cette « alternative » proposée et en dévoiler le caractère fallacieux.
1 – Le corridor convenu dans l’accord du 9 novembre 2020 est un véritable corridor, qui devait avoir une largeur de cinq kilomètres et être contrôlé par les forces de maintien de la paix russes. Seule une partie de ce couloir devait traverser le territoire azerbaïdjanais, après avoir quitté le Haut-Karabakh/Artsakh pour atteindre Kornidzor. Il s’agit d’une distance d’environ 10 kilomètres.
Ainsi, la route reliant Kornidzor à Stepanakert serait longue d’environ 80 km et relierait l’Arménie au Haut-Karabakh.
2 – La route alternative Stepanakert-Aghdam proposée relie le Haut-Karabakh UNIQUEMENT à l’Azerbaïdjan, supprimant ainsi la connexion arménienne du Haut-Karabakh et le laissant à la merci de l’Azerbaïdjan, dont tout le monde connaît la signification profonde.
3 – Si la soi-disant « alternative » suggérée est la route Aghdam-Stepanakert, alors pour atteindre Kornidzor en Arménie, les voyageurs ou les marchandises devront voyager d’Aghdam à la frontière de Kornidzor en passant d’Aghdam à Martuni, puis à Fuzuli, Jubrayil, Birinji Aghali et enfin Kornidzor – une distance de plus de 220 km à l’intérieur de l’Azerbaïdjan. Le sort de ces marchandises ou de ces voyageurs dépend de la volonté et des caprices des forces azerbaïdjanaises, qui ont jusqu’à présent prouvé qu’elles n’étaient pas du tout fiables !
Les marchandises et les voyageurs se rendant d’Arménie au Haut-Karabakh, au lieu de parcourir 80 km via le corridor de Latchine, doivent maintenant emprunter la même route en sens inverse, en passant à nouveau par l’Azerbaïdjan sur plus de 220 km, ce qui va à l’encontre de l’accord de novembre 2020.
En proposant la route Aghdam-Stepanakert, l’Azerbaïdjan cherche avant tout à annuler son propre engagement à fournir un accès par le corridor de Latchine et à couper le Nagorno-Karabakh de l’Arménie ; ainsi, le Nagorno-Karabakh dépend de la clémence de l’Azerbaïdjan pour l’approvisionnement en nourriture, en médicaments et autres biens.
