France-Israël : coopération sur la guerre du futur

par | 2 Jan 2024 | Tribunes libres

MÉDIA LIBRE INVESTIGATION

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Dans le plus grand secret, militaires/ingénieurs français et israéliens coopèrent sur la guerre du futur, alliant commandement numérique,
drones et robots.

Gaza et les territoires palestiniens en guerre serviraient de cobayes pour accroître leur savoir-faire. Aussi bien les élus que le grand public ignorent tout de la participation israélienne au discret programme « Synergie du contact renforcé par la polyvalence et l’infovalorisation » (Scorpion), au cœur de la stratégie de l’armée de terre française pour les prochaines décennies. Scorpion consiste à la mise au point d’un commandement numérique unique basé sur une interface commune qui permet aux soldats déployés sur le terrain, mais aussi aux outils militaires nouveaux, comme les drones et les robots, d’être connectés simultanément et d’anticiper ainsi les réactions de l’ennemi. « L’idée centrale de Scorpion (explique une ingénieure qui souhaite garder l’anonymat) c’est la guerre sans bruit, et si possible d’éviter la guerre du sang, c’est-à-dire d’avoir le moins possible de soldats tués. Scorpion organise l’interopérabilité entre un char, un bateau, une moto, un drone, un robot, un soldat au sol. »

« Israël a pris une longueur d’avance sur trois points-clés : D’abord l’effacement du bruit acoustico-moteur des drones. On est en train d’arriver à l’invisibilité du bruit, sujet sur lequel on travaille aussi beaucoup en France. Ensuite la miniaturisation des drones. Les drones-insectes dans un James Bond sont déjà en service et testés par l’armée israélienne à Gaza. Enfin, l’effacement des traces numériques et le repérage des signaux « ennemis » stratégique, car le pilotage numérique est au cœur de Scorpion. Il ne faut pas être capté, tout en captant l’autre. Les Israéliens savent masquer, localiser, interpréter, analyser, brouiller. »

Mais ce n’est pas tout. IAE, ou Israel Aerospace Industries, qualifie Scorpion d’arme conventionnelle suprême, parce qu’elle sait tout faire : – débusquer tous les appareils dans le ciel – discerner les amis des ennemis – neutraliser les capacités nuisibles des ennemis puis les anéantir Tout ceci, sans que soit tiré un seul obus ou missile, grâce cette fois-ci à un faisceau électromagnétique. Scorpion est donc un programme très important, auquel participent tous les grands industriels français de l’armement, mais aussi l’Israélien Elbit, qui a acquis une grande expérience dans les systèmes autonomes ». Scorpion est si important pour l’industrie de défense française qu’au-delà de l’armée de terre et la Belgique son client de lancement, le programme vise l’export. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que le premier acheteur de Scorpion est Abou Dhabi. Les Émirats arabes unis sont de longue date de très bons clients pour les armements français et aussi, plus récemment, des amis d’Israël. Or, l’opérationnel de Scorpion passe totalement sous les radars.

L’opacité mondiale du marché de la cybersécurité, dans lequel Israël est un acteur majeur, ne permet pas d’avoir la moindre idée des volumes de vente. « Les partenariats militaires et sécuritaires ne rentrent pas dans les statistiques officielles ». Or, c’est un marché énorme, où « la France doit progresser sur la question des guerres urbaines, en particulier en Afrique, où les hélicoptères sont des solutions à la fois coûteuses et trop bruyantes. » « Ce qui fonde nos partenariats avec Israël, c’est toutes ces inventions, simples, venues des meilleurs ingénieurs, qui ont acquis leur savoir-faire dans le contrôle et la répression dans les territoires palestiniens et à Gaza ». Donc une expertise testée puis acquise sur le dos de milliers de morts en Palestine. On comprend mieux alors pourquoi la France n’a aucun intérêt à stopper la guerre.