L’hypocrisie de la diplomatie du caviar

par | 11 Avr 2024 | Analyses, Rapports

L’hypocrisie de la « diplomatie du caviar » : Comment l’Azerbaïdjan parvient encore à éviter les sanctions européennes

 

Depuis des années, l’Azerbaïdjan courtise les journalistes, chercheurs, universitaires et parlementaires occidentaux en les invitant à participer à des voyages de reportage et à des conférences, une pratique connue sous le nom de « diplomatie du caviar ». La stratégie de Bakou semble porter ses fruits. Malgré de récentes actions militaires agressives contre les intérêts arméniens dans la région contestée du Haut-Karabakh et une répression de la société civile à l’intérieur du pays, l’Azerbaïdjan a largement évité l’imposition du type de sanctions occidentales qui ont affecté des États voyous comme la Russie, la Biélorussie et l’Iran. Plutôt que de se transformer en paria international, le régime d’Ilham Aliev a au contraire attiré des investissements accrus dans les infrastructures de la part de sources européennes.

Les dirigeants européens ont réagi au nettoyage ethnique de facto de plus de 100 000 personnes du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan en septembre dernier comme s’ils venaient de se réveiller d’un monde imaginaire. Soudain, il leur était impossible d’ignorer que l’Azerbaïdjan était responsable de l’escalade du conflit, attaquant à l’est les Arméniens de souche vivant dans l’enclave contestée tout en bloquant leur voie d’évacuation potentielle vers l’ouest.

Pourtant, peu d’Occidentaux peuvent s’étonner que les actions de l’Azerbaïdjan n’aient pas entraîné de nouvelles conséquences internationales substantielles pour Bakou, et ce malgré la répression de la société civile azerbaïdjanaise qui s’est accélérée jusqu’à atteindre un niveau remarquable à l’échelle mondiale.

La question que les analystes arméniens et les activistes de la société civile azerbaïdjanaise posent ensemble depuis des années est la suivante : quelles sont les lignes rouges à ne pas franchir pour que l’UE impose des sanctions ?

 

Cet extrait est tiré d’un article de Rasmus Canbäck, anthropologue social et journaliste suédois. La totalité de ce long rapport paraîtra dans le n°38 de la revue « Europe & Orient », en juin 2024.
Source : https://theins.ru/en/opinion/rasmus-canback/270590