Par Ararat Petrosyan
Les récentes remarques d’Ilham Aliyev, faites le 7 janvier 2025 lors d’une interview avec des représentants des médias, reflètent une escalade rhétorique dangereuse et irresponsable qui est à la fois un affront à l’histoire et une atteinte à la paix et à la stabilité internationales. Ces commentaires, chargés d’idéologies dangereuses, révèlent la véritable nature de son leadership – un leadership qui place l’Azerbaïdjan à l’avant-garde de la déstabilisation régionale et, très franchement, une menace directe pour la sécurité mondiale.
L’affirmation du président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, selon laquelle « l’Arménie indépendante est essentiellement fasciste » et que les dirigeants arméniens ont adhéré à une idéologie fasciste au cours des trois dernières décennies, est une déformation scandaleuse de l’histoire. Accuser une nation et son peuple, dont la survie même a été façonnée par le traumatisme du génocide et de l’occupation, d’incarner le fascisme est non seulement profondément offensant, mais aussi dépourvu d’exactitude historique. L’Arménie, une nation qui a enduré les horreurs du génocide de 1915, reste un emblème de la résistance contre les idéologies totalitaires – exactement l’antithèse de ce que prétend Aliyev.
Cependant, c’est Aliyev lui-même qui, en septembre 2023, a déclenché les horreurs du nettoyage ethnique contre les Arméniens du Haut-Karabakh. Les déplacements massifs et les meurtres brutaux qui ont suivi ont révélé non seulement son mépris flagrant pour la vie humaine, mais aussi son adhésion à des tactiques fascistes. En ordonnant ces atrocités, Aliyev s’est placé dans la même catégorie que ceux qui ont perpétré certains des crimes les plus odieux contre l’humanité au 20e siècle. Ses actes sont ceux d’un criminel de guerre – un individu qui défie tous les principes du droit international.
Les récentes déclarations d’Aliyev, dans lesquelles il affirme que « le fascisme doit être éradiqué », ne sont pas de simples menaces vides de sens ; ce sont des appels clairs à la violence. Exiger des dirigeants arméniens qu’ils se retirent sous peine d’action militaire n’est pas un appel à la paix, c’est une déclaration de guerre. Ses propos constituent une violation directe de la Charte des Nations unies, en particulier des articles 2(3) et 2(4), qui appellent au règlement pacifique des différends et à l’interdiction du recours à la force. Les menaces permanentes d’Aliyev démontrent qu’il est prêt à faire dégénérer la situation en un conflit militaire à grande échelle plutôt que de chercher une quelconque forme de résolution diplomatique. Il s’agit ni plus ni moins d’une attaque contre la notion même de paix et de diplomatie.
La tendance d’Aliyev à considérer le dialogue comme futile est également une approche dangereuse et non constructive. Ses affirmations selon lesquelles « le dialogue avec l’Arménie a échoué depuis des décennies » et que le recours aux négociations par l’Arménie n’était qu’un « écran de fumée pour l’occupation » sont des déformations délibérées du conflit. Ces déclarations ignorent la complexité de la situation et la responsabilité des deux parties dans l’impasse. En insistant sur le récit unilatéral de la victimisation de l’Azerbaïdjan et de la culpabilité de l’Arménie, M. Aliyev ne fait qu’accentuer le clivage, rendant impossible toute voie de réconciliation.
De plus, l’offensive d’Aliyev contre la France est une attaque directe contre tout semblant d’impartialité internationale. Ses accusations selon lesquelles les politiciens français « soutiennent les intérêts arméniens au détriment de l’Azerbaïdjan » sont sans fondement et constituent une insulte aux efforts diplomatiques d’une nation souveraine. De telles accusations ne servent qu’à affaiblir les perspectives de dialogue et à renforcer le discours autoritaire qui domine la gouvernance d’Aliyev. Sa réticence à accepter toute autre perspective que la sienne isole l’Azerbaïdjan sur le plan diplomatique et compromet toute tentative sérieuse de résolution du conflit.
La glorification constante par Aliyev de l’Azerbaïdjan comme seule puissance régionale légitime, en insistant sur la notion de « nouvel ordre mondial » et de « véritable leadership », révèle son nationalisme profond. Il cherche à présenter l’Azerbaïdjan comme une puissance isolée, indifférente aux normes internationales et désireuse d’opérer en dehors des limites de la coopération mondiale. Cette vision peut s’avérer utile à l’intérieur de ses propres frontières, en attisant la ferveur nationaliste, mais elle a des conséquences désastreuses pour la région et pour la paix dans le monde.
La situation est claire : Ilham Aliyev n’est pas seulement un dirigeant aux politiques douteuses, il représente une menace directe pour la paix et le droit international. Son gouvernement est coupable de la destruction des droits de l’homme et de la poursuite d’idéologies fascistes sous couvert d’intégrité territoriale. Ces actions ont violé des traités internationaux et aggravé les tensions dans une région déjà fragilisée par des années de conflit. Sous le régime d’Aliyev, l’Azerbaïdjan est devenu un symbole d’agression, de nationalisme et d’inhumanité.
Ilham Aliyev doit répondre des atrocités commises sous sa direction. Sa rhétorique à elle seule lui vaut d’être examiné au regard du droit international, en particulier des conventions de Genève et de la Cour pénale internationale, qui poursuit les crimes contre l’humanité. Ses actions dans l’Artsakh et son mépris flagrant pour la paix et la diplomatie le placent dans la même catégorie que les dirigeants responsables des épisodes les plus tragiques du XX/XXIe siècle.
La création d’un tribunal chargé de juger son rôle dans ces crimes n’est pas une option, c’est un impératif.
La communauté internationale ne peut se permettre de laisser cette folie se poursuivre sans contrôle. Le temps est venu de confronter Ilham Aliyev, non seulement pour ses actions dans l’Artsakh, mais aussi pour son assaut plus large contre la paix, la justice et l’État de droit. La rhétorique fasciste qu’Aliyev colporte aujourd’hui ne peut plus être considérée comme une simple posture politique. Il s’agit d’une idéologie dangereuse qui menace la stabilité du Caucase du Sud et compromet la paix internationale.
Le régime d’Ilham Aliyev représente l’antithèse même des valeurs pour lesquelles la communauté internationale s’est battue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son leadership menace non seulement l’avenir de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, mais aussi l’ordre mondial dans son ensemble. Il est temps de lui demander des comptes, au moyen de sanctions, de pressions internationales et, en fin de compte, d’un tribunal. Le monde ne doit pas laisser l’histoire se répéter.
Source :
https://greekcitytimes.com/2025/01/13/ilham-aliyev-the-architect-threat/
Ararat Petrosyan est rédacteur en chef adjoint d’Armenpress