AFIDORA avait organisé un colloque exceptionnel le vendredi 27 mai à l’Assemblée nationale, quatre débats sur le thème " le Proche-Orient et le monde " Salle Victor Hugo, Immeuble Jacques Chaban-Delmas. Le débat 3 – 14h15 à 15h45 " Un pied en Europe, l’autre au Moyen-Orient : la Turquie à la croisée des chemins " Animateurs : Ruth Elkrief de RTL Steve Danino, analyste senior et trésorier d’AFIDORA Intervenants : Bernard Debré, député, ancien ministre Sylvie Goulard, diplômée de l’ENA et de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et licenciée en droit (Université d'Aix-en-Provence). Elle enseigne désormais à Sciences Po. Semih Vaner, directeur de recherche au CERI Sciences-Po, président d’AFEMOTI Jean Sirapian, Président de l’Institut Tchobanian et directeur de la revue Europe & Orient.  | R. Elkrief, B. Debré, S. Vaner |
 | Sylvie Goulard |
 | J. Sirapian |
| Extraits: Bernard Debré " La Turquie a quelques pour cent de son territoire en Europe et le reste en Asie. La grande partie des frontières de la Turquie jouxte le Caucase et le Moyen Orient et 98% de sa population est musulman. En outre il faut savoir quelle Europe nous voulons : si chaque pays qui respecterait les valeurs européennes et la démocratie devrait entrer dans l’UE cela ne serait plus l’Europe mais un ONU bis. " Semih Vaner " …Au début (1963) on se posait pas la question des frontières, on se posait pas la question des valeurs, on a établi un traité d’association, il faut le respecter. Il prévoyait des étapes vers une adhésion définitive de la Turquie à l’UE. En réalité c’est le musulman qu’on accepte pas, quand on rappelle que 98% de la population est musulman on pose la question pour savoir si l’Islam est compatible avec la démocratie…On a pas posé ces questions ou imposé des critères aux autres pays candidats." Sylvie Goulard " Je trouve dangereux, très sincèrement dangereux, de dire que toutes les questions qui tiennent à la démographie, à l’armée, au développement économique et social et au Droit de l’Homme, tout ça c’est du phantasme parce que nous serions anti-musulmans. Très sincèrement en abordant les choses de cette manière là nous allons dans un mur. C’est ce que je reproche principalement aux turcs. Il n’est pas possible de dire à des gens qui se posent des questions légitimes simplement qu’ils sont racistes ou xénophobes. Et quand vous dites qu’on a jamais rien demandé aux autres c’est faux Monsieur Vaner. Les négociations ont été interrompues avec la Slovaquie lorsque le gouvernement slovaque ne répondait pas aux critères de Droits de l’Homme de l’Europe. " Jean Sirapian " On parle souvent des avancés démocratique en Turquie. Moi j’en vois qu’une réellement mis en pratique sur le terrain, c’est l’abolition de la peine de mort. On parle de dialogue. Pour dialoguer, il faut être deux. Avant hier, un colloque organisé à l’initiative des 3 universités turques, dont le thème était ‘Les Arméniens durant le déclin de l’Empire Ottoman’ a été interdit par le ministre de la Justice Turc, Cemil Ciçek, avant même qu’un mot soit prononcé. Où est la démocratie ? Quant à la laïcité en Turquie, elle a été imposé et surveillé par l’armée. Mais quand l’armée se retirera de la vie politique – pour obéir aux critères démocratiques de l’UE – les islamistes auront le boulevard devant eux pour mettre en pratique leurs idéologies " Vers la fin du débat, quand Monsieur Vaner a parlé des événements de 1915, les désignant comme des " déplacements de population" Jean Sirapian lui a rappelé " qu’il y a une loi en France, votée le 18 janvier 2001 et qui ‘reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915’ ". " Je sais que c’est difficile de prononcer le mot " génocide " en Turquie mais je vous prie d’utiliser le bon terme, au moins en France " a conclu J. Sirapian. Ayant estimé que cette remarque était " démagogique " et ne supportant pas les questions de la salle qui allaient dans le même sens, Monsieur Semih Vaner a subitement quitté la tribune, avant la fin du débat, sans aucun mot d’excuse. |